Les 7 tabous du pétrole
Au début de notre ouvrage, nous avons indiqué que la guerre du Golfe poursuivait divers objectifs. Réduire ceux-ci au seul pétrole serait simpliste. Mais c'en est la dimension essentielle, malgré les dénégations des médias. En voici une preuve supplémentaire.
Durant le mois d'août 1990, tant Le Soir que Le Monde consacreront à ce seul thème autant d'articles (trente chacun) qu'à tous les autres examinés dans la première partie de ce livre. La fameuse "défense du droit international", en particulier, ne couvre pas 2% de la surface consacrée au pétrole significatf.
Malheureusement, quantité ne rime pas avec qualité. Sur le thème du pétrole, Le Soir se cantonne dans des articles d'informations immédiates au consommateurs (Y a -t-il risque de pénurie? Quel prix dans les stations demain?). Le Monde analyse davantage les effets sur les bourses et l'économie occidentale. Mais tous deux envisagent la question à partir d'un seul point de vue: "Allons-nous en pâtir?" Jamais sous l'angle: Que représente le pétrole pour eux, pour les conditions de vie des peuples des pays producteurs?"
Cet ethnocentrisme du Nord se retrouve dans leurs sources. Toutes, absolument toutes occidentales. Et pro-occidentales. Il ne manquait pourtant pas d'experts, arabes ou occidentaux, exprimant le point de vue du Sud dans la question du pétrole. Les pages qui suivent donneront donc la parole à ces experts "oubliés"...

Bénéfices 1990:
Le tableau ci-dessous indique l'évolution du taux de profit des dix plus importantes compagnies pétrolières en 1990, par rapport à l'année précédente... Source: Fortune, 29 juillet 1991.

Shell               + 0,6%
Exxon             + 42%
B.P.                + 14%
Mobil               + 6%
E.N.I.             + 50%
Texaco           + 40%
Chevron        + 759%
Elf                   + 72%
Amoco            + 18%
_________________
TOTAL          + 121%
 
 

USA: qui est ministre des Affaires étrangères?

Depuis 1953, tous les ministres des Affaires étrangères des Etats-Unis, sauf un, étaient étroitement liés à des sociétés pétrolières. Il faut savoir que les sociétés pétrolières suivantes sont liées à la famille Rockefeller: Exxon, Mobil, Standard Oil of Indiana, Standard Oil of California.
Les think tanks de la Commission Trilatérale et du Concil of Foreign Relations (CFR) sont dominés par les Rockefeller.

1953 - 1959  John Foster Dullers: Conseiller juridique de la Standard Oil, administrateur de la Fondation Rockefeller.

1959 - 1961  Christian Herter: Lié aux Rockefeller via "World Peace Foundation"
1961 - 1969  Dean Rusk: A dirigé la Rockefeller Foundation.
1973 - 1977  Henry Kissinger: Membre du Council of Foreign Relations, Rockefeller Brothers Fund.

1977 - 1980 Cyrus Vance: Administrateur, puis directeur de la Rockefeller Foundation, membre du Council of Foreign Relations, membre de la Commission Trilatérale.

1981 - 1982  Alexander Haig: Directeur de la Chase Manhattan Bank.
1982 - 1989  George Schultz: Directeur de Bechtel (liée à Chevron et Gulf Oil), membre de la Commission Trilatérale

1989 -    James Baker: Firme de juristes de Houston servant les grandes compagnies pétrolières. Sa famille possède des parts Exxon, Mobil, Standard Oil, etc.
 

La bataille pour le surplus pétrolier
D'où viennent les bénéfices de l'industrie pétrolière? Les médias n'ont jamais expliqué cette donnée essentielle pour comprendre la "guerre du pétrole".
L'industrie pétrolière comporte trois phases essentielles: 1. extraction; 2. production (raffinage); 3. transport. Le raffinage s'est longtemps effectué dans les pays industrialisés mais à partir des années 70, les pays de l'OPEP ont construit de nombreuses raffineries afin d'exporter de plus en plus de produits raffinés. A chacune des trois phases est associée une forme de surplus. Le surplus, c'est la différence entre le prix de vente du produit et son coût de production (salaires, machines, bâtiments, infrastructures).
1. Extraction: tous les gisements n'ont pas les mêmes rendements. Sur 30 000 puits dans le monde, 25 fournissent la moitié de la production. Certains gisements sont immenses, d'autres réduits; certains sont profonds, voire maritimes, d'autres affleurent presque. Malgré ces différences, il faut qu'il y ait un seul prix pour le pétrole brut. Il sera basé sur le coût du gisement le moins productif. Pour les autres sources, dont le coût d'extraction est plus bas, le bénéfice supplémentaire est appelé rente. Ainsi, jusqu'en 1970, le coût de production moyen aux USA (1,01 $) déterminait le prix du baril: environ 1,75 $. Au Moyen-Orient, le coût était de 0,23 $, ce qui laissait une "rente" égale à la différence entre 1,0 $ et 0,23 $.
Qui s'approprie cette rente? En théorie, ce devrait être le propriétaire foncier (au Moyen-Orient, l'Etat). Mais les compagnies pétrolières dominant ces jeunes Etats, se sont approprié la quasi-totalité de la rente jusqu'au années 70.
2. Production. Une valeur est ajoutée au produit par les ouvriers du secteur. Le salaire étant inférieur à cette valeur ajoutée, le surplus est ici constitué de cette différence (la plus-value). C'est la base du bénéfice industriel de la société pétrolière.
3. Transport. Produit mondial, le pétrole voit son prix mondial fixé en uniformisant les coûts de transport. Il existe deux grandes régions de production (Moyen-Orient et Golfe du Mexique-Caraïbes) mais le prix en chaque point du globe est défini par rapport à celui de New York. Dès lors, un pétrole plus proche de son consommateur se voit automatiquement augmenté d'un fret imaginaire. C'est la rente de transport.

La somme de ces rentes et de la plus-value forme le surplus pétrolier. Celui-ci peut être transféré à l'un ou l'autre bout de la chaîne de production par un mécanisme de prix. Mécanisme fondamental pour comprendre le secteur: si une compagnie contrôle toute la filière, elle peut faire apparaître le surplus là où elle est en situation de monopole. Là où existe une forte concurrence, elle peut pratiquer des prix très compétitifs pour liquider ses rivaux.
Aujourd'hui, les compagnies pétrolières importantes sont présentes à tous les stades de la filière pour s'emparer d'une bonne partie du surplus pétrolier. Face à elles, les pays producteurs (surtout ceux de l'OPEP) contrôlent l'extraction sur leur territoire et, par un prix plus ou moins élevé, conservent ou non leur rente pétrolière. A l'autre bout de la chaîne, les Etats industrialisés lèvent des taxes sur les produits livrés aux consommateurs et par ce biais, prennent eux aussi une partie du surplus, l'histoire du secteur pétrolier est, avant tout, la bataille de ces trois acteurs pour s'approprier le surplus pétrolier.
 

Les multinationales pétrolières: une histoire secrète?
De 1901 à 1972, la production pétrolière du Moyen-Orient fut contrôlée par huit compagnies: anglaises, françaises, américaines. Face aux sociétés occidentales, les faibles Etats de la région (souvent des protectorats administrés par les Britanniques et les Français) ont dû accorder des concessions extrêmement désavantageuses: de très longue durée, couvrant des territoires gigantesques, accordées pour une bouchée de pain et taxées au minimum. Ainsi, l'Irak Petroleum (rassemblant Shell, la future BP et la française CFP) avait obtenu les neuf dixièmes du territoire irakien pour 75 ans et versait comme redevance moins de 10% de la valeur du pétrole extrait. De 1911 à 1950, le gouvernement iranien, lui, ne toucha que 9% des profits totaux. Les énormes richesses de l'or noir laisseront la région aussi peu industrialisée qu'auparavant. Par contre, elles joueront un rôle clé dans la prospérité de l'Occident.
1938: le Mexique nationalise ses gisements. Les services secrets américains financent plusieurs tentatives contre-révolutionnaires infructueuses. Les compagnies pétrolières décident déjà un embargo sur le pays. La production chute.
1948: le Venezuela impose une nouvelle répartition des bénéfices de l'exploitation pétrolière: 50% pour la firme, 50% pour la nation propriétaire du sol. Le gouvernement vénézueélien est immédiatement renversé. Mais la mesure sera appliquée, ainsi qu'en Arabie Saoudite (1950), Irak et Koweït (1951).
1953: Pour avoir tenté d'imposer le même partage en Iran, le premier ministre Mossadegh est d'abord sanctionné par un embargo des compagnies pétrolières, puis renversé par un coup d'Etat de la CIA.
Sources: David Holden et Richard Johns, La Maison des Saoud 1902-1980, éd. Ramsay; Thomas Gounet, Le pétrole du Moyen-Orient, dossier Solidarité Internationale (Belgique), janvier 91; Micah Sifry, "America, Oil and Intervention, The Nation, 11 mars 91; Denis Clerc, Le Monde Diplomatique, octobre 90; Wiliam Blum, " The CIA : the Forgotten History".

Tabou N° 1: Les multinationales pétrolières, ça n'existe pas?

Ce qu'on a dit:
LE SOIR 10 août 90
"Ni les consommateurs, ni les compagnies pétrolières n'y trouvent leur compte."

RTBF 23 août 90
-Présentateur (Jacques Bredael). "Vous êtes comme un commercant (...) tout à fait sans influence pour le prix du pétrole brut à l'origine?"
-F. Cornelis (administrateur délégué de la multinationale Petrofina). "C'est exact."

Ce qu'on n'a pas dit:
Les multinationales pétrolières sont-elles des fantômes? Les médias n'évoquent jamais leur rôle passé ou présent, leurs immenses profits, leur influence sur les politiques menées dans le Nord et dans le Sud. Depuis quarante ans, tous les ministres américains des Affaires étrangères, sauf un, provenaient des milieux pétroliers. Les médias ne le signalent nulle part. L'histoire de ces multinationales n'est qu'une longue suite de pillages des pays colonisés (ou néocolonisés). On ne leur laisse que les miettes des profits colossaux réalisés, on protège ce pillage par la corruption politique, la subversion terroriste et même les coups d'Etat? Tabou absolu.

A lire notre presse, on a toujours eu l'impression que la question du pétrole était un bras de fer entre le méchant Saddam Hussein et le bon George Bush, défenseur des pauvres consommateurs occidentaux menacés. Les sociétés pétrolières n'assurant au mieux qu'un rôle de distribution technique. Etonnante amnésie alors que les multinationales pétrolières sont un phénomène économique déterminant: sur les vingt-cinq plus importantes firmes du monde, six sont des sociétés pétrolières. Sans doute, ces puissants moyens financiers leur permettent-elles un lobbying efficace sur les médias? Avec consigne de rester discrets sur leur puissance énorme?

Bush affirmait vouloir protéger "le libre accès aux ressources pétrolières". Mais personne n'avait refusé de vendre du pétrole aux Américains. Saddam Hussein lui-même répétait "que l'Irak comptait jusqu'au début d'août 1990 vendre le tiers de son pétrole aux Etats-Unis".
La question n'était pas "le libre accès au pétrole", mais à quel prix? Un prix qui tienne compte des besoins du développement des pays du tiers monde ou bien un prix imposé et manipulé par les Etats-Unis? Confirmation par Noam Chomsky: "Cela n'a rien à voir avec notre accès au pétrole. Nous importons environ 10% de notre pétrole de là-bas, nous pourrions l'obtenir n'importe où ailleurs. Cela a un rapport avec les profits que nous retirons du pétrole."

Le général Schwarzkopf en pays de connaissance

Ce n'était pas la première fois que Norman Schwarzkopf séjournait dans le Golfe. Il avait déjà passé une partie de sa jeunesse en Iran avec son père, envoyé par le président Roosevelt pour organiser la nouvelle police du Shah d'Iran. Schwarzkopf père retourna en Iran en 1953 et, avec le soutien de la CIA, il aida à organiser le coup d'Etat qui renversa le premier ministre Mossadegh, coupable de heurter les intérêts des compagnies pétrolières (voir plus haut).
Dans quel esprit Schwarzkopf père avait-il formé la police du Shah? Voici comment un responsable d'Amnesty International caractérisait l'Iran en 1976: "Le plus haut taux de condamnations à mort dans le monde, aucun système valable de tribunaux civils et une histoire de la torture qui dépasse tout ce qu'on peut imaginer. Aucun pays au monde ne présente un bilan des droits de l'homme pire que l'Iran."

Tabou N° 2: Un prix "raisonnable"? Pour qui?

Ce qu'on a dit:
LE SOIR 28 juillet 90
"Cela va faire mal" (l'augmentation des prix décidée par l'OPEP).
24 août 90: "Baril en folie" (à 30 dollars)

Le Monde 10 août 90
"A 35 ou 40 dollars, le baril plongerait le monde dans une profonde récession"

Ce qu'on n'a pas dit:
Toutes ces plaintes peuvent être renversées: un baril à 30 dollars, c'est de la "folie"? Que disaient les mêmes commentateurs quand il était à 14, voire 11 dollars? Se plaignait-on que cette "folie" ruinait la majorité des pays de l'OPEP? Et l'augmentation actuelle: à qui va-t-elle "faire mal"? A "nous", bien sûr, au camp du Nord. Mais à "eux", ne ferait-elle pas du bien?

De nombreuses caricatures ont dépeint Saddam Hussein prenant en otages les consommateurs occidentaux de pétrole. Mais qui prend qui en otage? Le point de vue de Kemal Saiki (département Information de l'OPEP) surprendrait le lecteur occidental. A condition que nos médias le communiquent: "Aujourd'hui, beaucoup de pays de l'OPEP sont sous-développés, criblés de dettes et se battent contre la récession et les caprices des marchés internationaux pour maintenir le maigre niveau de vie de leur population. L'OPEP ne tient personne en otage; il est plutôt tenu en otage par le système international qui impose des termes d'échange défavorables, des taux d'intérêts asphyxiants et des prix impossibles pour les produits industriels pour lesquels les pays riches de l'OCDE ont un monopole virtuel."  (Cité dans Solidaire, le 7 août 1991).
Comme nous l'avons indiqué, en 1970, un paysan du tiers monde (le Sud) devait produire, par exemple cinq tonnes de riz pour payer un tracteur fabriqué chez nous, dans les usines du Nord riche.
Aujourd'hui, c'est douze tonnes qu'il doit produire! Café, maïs, sucre, métaux, c'est généralement pareil. Les pays riches du Nord exploitent le Sud en refusant de payer ses matières premières à un prix équitable. Le paysan du tiers monde ne touche que 4% du prix du chocolat vendu ici. Dans la partie sud de la planète se déroule une guerre mondiale cachée.
Quelle guerre? Les multinationales du Nord réalisent d'immenses bénéfices en sous-payant les matières premières et en exploitant la main-d'oeuvre. Les banques gagnent d'énormes intérêts sur une dette injuste. (Voir sur ce site, le livre: "Les Sociétés secrètes", le chapitre: Le Fonds Monétaire International (FMI).
Refus de transférer les technologies, dictatures et armées formées en Occident, tout est bon pour maintenir la domination du Nord. L'ensemble de ces phénomènes définit l'exploitation fondamentale de notre époque, qu'on peut résumer par le terme impérialisme. C'est le tabou majeur de nos médias! Ils veulent bien parler de la misère du tiers monde, mais toujours en la séparant soigneusement de ses causes profondes...

L'échange inégal entre le Nord et le Sud est occulté par les médias occidentaux. Dans tous les articles analysés, Le Soir, qui se soucie d'écrire un article sur les grosses voitures américaines "victimes" de la crise pétrolières, ne parle jamais des conséquences pour les populations du Sud.
Le Monde y consacre un éditorial le 22 août (mais seulement quatre jours après avoir posé la question "L'Occident évitera-il la répétition du choc pétrolier"). Mais quand Le Monde parle du Sud, que dit-il? "La facture pétrolière des consommateurs va s'en trouver considérablement alourdie." (...)
L'Afrique et l'Amérique latine non pétrolière (...) vont souffrir (...) La situation risque de devenir rapidement critique dans des pays comme le Brésil et l'Argentine."
Amalgamer sous le même terme "consommateurs" les pays riches du Nord qui bénéficient de l'échange inégal, d'une part, n'est-ce pas une escroquerie intellectuelle? En réalité, si le conflit du Golfe avait pu être un point de départ permettant aux pays du tiers monde d'obtenir, après le pétrole, de meilleurs prix pour leurs matières premières actuellement sous-payées, l'Afrique et l'Amérique latine, tout en perdant certes sur le pétrole, auraient été largement bénéficiaires en obtenant enfin de plus justes prix pour leurs exportations. L'intérêt des pays du Sud est donc, contrairement à ce que prétend Le Monde, de soutenir et d'élargir des luttes pour un commerce mondial moins injuste.
Et, puisqu'il parle du Brésil et de l'Argentine, Le Monde ne ferait-il pas mieux de signaler par quels chantages les pays riches abaissent les prix des exportations de café brésilien et de viande argentine? Et que le Brésil a tenté en vain de faire sanctionner l'agression économique par la charte de l'ONU?
Et que le tiers monde paie davantage pour sa dette (au Nord) que pour le pétrole? En s'apitoyant sur les pays sous-développés, le journal Le Monde cherche en fait à les rallier à la cause occidentale. Et à occulter le fait que tous les pays du Sud sont victimes de l'impérialisme et de l'échange inégal qu'il impose.

Tabou N° 3: Les prix ont baissé depuis 1973

Ce qu'on a dit:
"L'or noir flambe" (Le Soir, 03/08/90)
"Nouveau choc" (Le Monde, 10/08/90)
"Cri d'alarme des patrons belges" (Le Soir, 10/08/90)
"Les prix pétroliers restent élevés" (Le Monde, 21/08/90)
"L'essence s'embrase" (Le Soir, 22/08/90)
"Le consommateur risque de danser longtemps" (Le Soir, 23/08/90)
"Nouvelle flambée du prix du pétrole" (Le Monde, 24/08/90)

Ce qu'on n'a pas dit:
"A la fin des années 80, le prix réel du pétrole (compte tenu de l'inflation) était retombé à son niveau de 1973, alors que le prix de la plupart des exportations occidentales de produits essentiels avait plus que doublé, voire triplé, en termes réels. Pour qui le prix du pétrole était-il "convenable"?
Aux dépens de qui? S'indigne un universitaire égyptien. (Source: Le Monde Diplomatique, septembre 90).
Ceci a constitué le mensonge par omission le plus flagrant de cette période. Tous les médias ont tambouriné sur la dangereuse hausse du prix du pétrole. Oubliant de rappeler qu'il ne faisait que récupérer une petite partie de la baisse catastrophique encourue depuis 1986. Comme cette baisse était en partie amortie par l'importance des taxes dans les prix de détail, l'opinion publique ne pouvait pleinement se rendre compte que depuis 1986, l'occident avait pris les pays producteurs en otages. Et ses médias ont bien évité de le rappeler au moment où il fallait "chauffer" l'ambiance contre Saddam Hussein.
Ainsi, en trente articles, le journal Le Monde ne rappellera qu'une seule fois, et seulement après dix-neuf jours de crise que "le prix du baril était pratiquement identique en juin 1990 à celui en vigueur à la mi-1973, c'est-à-dire avant les deux chocs pétroliers". Seize lignes, le 21/08/90, avec un graphique. Et un excellent titre, il faut le reconnaître: "La vérité sur le prix de l'or noir". Comme les autres articles ne parlent jamais de ceci, quel titre devrait-on donc leur donner? Dans Le Soir, ce sera moins encore: trois lignes, bien enfouies au fond d'un article du 24/08/90: "En 1973, le cours du baril calculé en dollars d'aujourd'hui avait atteint 70 dollars. On en est encore loin."
Un bel exemple de ce que nous appelons "l'info enterrée". On ne peut pas dire "qu'ils ne l'ont pas dit", c'est passé une fois discrètement et sans aucune chance de contrebalancer le flot dominant des informations. C'est d'ailleurs ce qui rend une presse "libre" plus crédible qu'une presse "totalitaire" à censure intégrale. Plus crédible, donc plus efficace: ce n'est pas nécessairement un avantage pour le public.
En passant, on peut s'interroger: pourquoi les deux quotidiens passent-ils cette information "à contre-courant"? Une étude du contexte du moment relève deux explications possibles. En France, le même 21 août 90, le ministre de l'Economie Beregovoy, appelle les patrons à ne pas augmenter leurs prix pour éviter l'inflation. Il est donc utile, à ce moment, de rappeler qu'au fond, les prix pétroliers ne sont pas si élevés que ça. Et l'article du Soir paraît alors que les gouvernements occidentaux tentent d'empêcher une flambée de spéculation qui aurait sans doute fait le jeu de Saddam Hussein.
Quoi qu'il en soit, de ces deux petites infos enterrées, ni Le Soir, ni Le Monde ne tirent de conclusions: pas question de rappeler que "la baisse des prix de 1986 a coûté aux pays de l'OPEP environ 256 milliards de dollars en quatre ans". (Source: Thomas Gounet, Le Pétrole du Moyen-Orient, dossier Solidarité Internationale, janvier 91. Le montant précis est théorique puisque, si les prix changent, personne ne peut dire combien les pays exportateurs vendraient encore. Mais il indique l'ordre de grandeur de la perte subie).

C'est donc en tronquant la vérité que les médias ont sonné l'alerte: "Partout, la même question se pose: l'Occident évitera-t-il la répétition d'un choc pétrolier équivalent à ceux de 1973 et de 1979?"
(Source: Le Monde, 18/08/90). A quoi Denis Clerc rétorque: "Les pays capitalistes industrialisés seraient bien inspirés de relativiser les "chocs pétroliers" qu'ils subissent (...) entre 1980 et 1988, la baisse des cours des produits bruts non pétroliers a privé la plupart de ces pays de ressources importantes." (Source: Le Monde Diplomatique, octobre 90).
"Pour l'année 1986", précise Bruno Carton, "la chute des recettes d'exportation a représenté pour les pays de l'OPEP une perte de revenus réels de plus de 15% de leur PIB en faveur des pays consommateurs." (Source: In "La guerre du pétrole", EPO, p. 56). Alors que celles des pays industrialisés, lors des chocs pétroliers, n'avaient jamais dépassé 4%.
Clerc insiste aussi sur les pertes causées à ces mêmes pays par la hausse des taux d'intérêt des années 80, avant de conclure: "Si l'on entend beaucoup parler de "choc pétrolier au Nord", qui parle d'un "choc financier" ou d'un "choc des matières premières"? En d'autres termes, pour les pays du tiers monde, les capitalistes industrialisés jouent, depuis dix ans, sans s'en rendre compte, le rôle du méchant que l'on attribue aujourd'hui à Saddam Hussein (ou à l'Iran) souhaitant contrôler l'or noir".
"Sans s'en rendre compte"? L'opinion publique oui, parce que les médias le lui cachent. Mais les décideurs des pays capitalistes industrialisés, eux, se rendent très bien compte de ce qu'il font.
Il suffit de voir leur attitude intransigeante dans les négociations du GATT (accord général sur les tarifs douaniers et le commerce): "Les grandes entreprises transnationales s'opposent à ce que les pays en voie de développement protègent leurs économies encore faible. Elles n'aiment pas être confrontées aux lois écologiques. Par contre, elles aiment obtenir partout librement les matières premières. C'est toujours de cela qu'il s'agit y compris dans le domaine des directives sur le secteur des services, celui de la propriété intellectuelle, les investissements, l'agriculture. Nous sommes dans la voie d'une véritable recolonisation". (Source: De Wereld Morgen, juillet 90).
Les effets de cette attitude du Nord sont graves: "Pour la plupart des pays producteurs, la chute des prix  (du pétrole) de 1986 a eu des conséquences déstabilisatrices dramatiques: arrêt brutal des programmes d'investissement, coupes claires dans les budgets nationaux, démantèlement des subventions aux produits alimentaires, émeutes contre la misère (Algérie, Venezuela...) et déstabilisation politique", indique l'économiste Bruno Carton.
Ainsi, les guerres économiques tuent parfois davantage que les guerres tout court...
"Ce contre-choc permettra de transférer plusieurs centaines de milliards de dollars en faveur des Etats occidentaux gros consommateurs et de grossir les profits des grandes sociétés non pétrolières, au détriment des Etats producteurs."

Les médias occidentaux seront très discrets également sur les dommages que le Nord avait causés à l'Irak. Le Soir se taira et Le Monde ne mentionnera qu'une fois, le 3 août, et sans insister, les pertes subies par l'Irak du fait de cette baisse des prix. En fait, pour chaque dollar en moins au baril, l'Irak perdait un milliard de dollars par an. De 1985 à 1990, avec un baril toujours inférieur à 18 dollars, l'Irak a perdu environ 30 milliards de dollars.
Tout ceci éclaire sous un autre jour l'exigence bushienne de "libre accès aux ressources pétrolières" largement diffusée dans nos médias. D'abord, elle cache un comportement typiquement impérialiste vis-à-vis de "notre" pétrole. Chomsky ironise de façon mordante sur "la protection" de "nos ressources", qui par suite d'un accident géologique, se trouvent dans un autre pays". Effectivement, la souveraineté des pays arabes sur leurs ressources naturelles est bafouée par les Etats-Unis.
En toute logique, aller faire la guerre pour que les Arabes nous vendent le pétrole au prix que "nous" avons décidé, cela a-t-il davantage de sens que si les Arabes nous attaquaient parce que notre monopole technologique permet de leur vendre nos ordinateurs beaucoup trop cher? Et si le tiers monde s'assurait, avec les mêmes méthodes, un "droit à l'accès" aux équipements et technologies du Nord, tout aussi vitaux pour lui? En raisonnant comme le fait Bush, une intervention militaire du tiers monde aux Etats-Unis serait certes justifiée que celle qui a eu lieu. En définitive, "accès aux ressources pétrolières" n'est qu'un euphémisme pour désigner "maintien par la force d'un prix très bas".

Derrière chaque grande fortune...
"Derrière chaque grande fortune, se cache un crime."
Balzac

"'Récemment, on a découvert des champs pétrolifères en Arabie Saoudite qui sont encore plus grands que ceux que l'on exploite. Il ne faut pas être un génie pour en comprendre l'enjeu, sauf si un Saddam Hussein ou l'un ou l'autre fanatique religieux contrôle ces champs. C'est pourquoi les Etats-Unis ont réagi si vigoureusement. Ils veulent préserver ces champs pour le monde libre et ne pas les gaspiller au fanatiques qui, à mes yeux, ont beaucoup moins le droit de les revendiquer que les entreprises pétrolières occidentales."
(Source: H. Thieme, représentant de la Deutsche Bundesbank à New York, dans un journal boursier "Beleggers almanak", 01/12/1990).

Tabou N° 4: Pétrole à bas prix: la bequille de notre économie?

Ce qu'on a dit:
LE SOIR 4 août 90
"Un niveau de 25 $ risquerait d'entraîner une récession économique, en particulier aux Etats-Unis."

Le Monde 10 août 90
"A 35 ou 40 dollars, le baril plongerait une partie du monde dans une profonde récession."

Ce qu'on n'a pas dit:
Jamais Le Monde ni Le Soir ne posent l'autre question: de combien la baisse des prix pétroliers a-t-elle enrichi cette "partie du monde" (le Nord)? Et puis, si ces pays riches ne peuvent échapper aux récessions et tenir le coup qu'en sous-payant leur pétrole (et les autres matières premières aussi d'ailleurs) et en imposant un échange inégal, l'économie occidentale n'est-elle pas un colosse aux pieds d'argile? Sa richesse n'est-elle pas fragile car bâtie sur la spoliation?
Sur le gaspillage aussi. Les Etats-Unis comptent 5% de la population mondiale, mais consomment 25% du pétrole. Plutôt que d'économiser l'énergie et de développer des énergies alternatives, ils préfèrent gaspiller les ressources pétrolières des pays arabes sans épuiser leurs réserves propres.
De même, les USA conservent leurs réserves de fer et achètent à bas prix celui de la Colombie. La politique de l'OPEP, imposée en fait par l'impérialisme, sert les intérêts des pays riches et dessert les intérêts des peuples arabes: il vaudrait mieux pour eux en vendre moins et plus cher, investir en n'épuisant pas leurs réserves d'une ressource non renouvelable. Au contraire, la consommation des pays riches de l'OCDE ne cesse de croître: 38 millions de baril par jour contre 35 millions quatre ans plus tôt.

"Nous ne défendons pas la démocratie"
"Nous n'allons pas là-bas pour défendre la démocratie parce que le Koweït n'est pas un pays démocratique, et il n'y en a pas dans la région. Nous n'allons pas là-bas pour abattre une dictature sinon nous ne serions pas alliés à la Syrie. Nous n'allons pas là-bas pour défendre la légalité internationale. Nous allons là-bas, et nous devons y aller, parce que nous ne permettons pas que l'on touche à nos intérêts vitaux." (Source: Richard Nixon, New York Times, 7 janvier 1991).

"Davantage que pour la défense du droit international et la souveraineté du Koweït, la présence militaire française, dans la péninsule est d'abord au service d'intérêts primordiaux à sauvegarder."
(Source: Roland Dumas, ministre français des Affaires étrangères, août 90, cité dans l'Envers des médias, janvier 91).

Tabou N° 5: Pétrodollars: la bouée de secours?

Ce qu'on a dit: Le Monde et Le Soir n'ont jamais évoqué ce thème en août 90.

Ce qu'on n'a pas dit:
Il s'agit en fait d'un véritable marché entre Etats-Unis, d'une part, et monarchies pétrolières (Arabie, Koweït, Emirats, Qatar), d'autre part. Tout se passe comme si les Américains disaient: Nous protégeons vos régimes féodaux menaçés par l'agitation populaire arabe et par vos voisins, nous vous laissons gérer d'immenses portefeuilles issus du pétrole et vous permettons de jouir de richesses fabuleuses; en échange, vous brisez l'unité de l'OPEP et du monde arabe, vous maintenez le pétrole à bas prix et vous replacez vos pétrodollars dans nos entreprises et dans nos banques qui en ont absolument besoin.
Voilà le marché dont jamais les médias ne parlent. Noam Chomsky: "Les profits du pétrole kowéïtien et saoudien aident à maintenir à flot les économies britannique et américaine. Il existe un dossier très documenté sur ce point et je suppose que je suis la seule personne aux Etats-Unis à l'avoir examiné." Disons: sans doute une des seules personnes puisque Jane Hunter déclare, elle aussi: "Les Etats-Unis ont pu survivre économiquement au choc des années 70 parce que leur système bancaire a reçu les dépôts en dollars des pays de l'OPEP. Et, entre parenthèses, ces mêmes dollars ont été pris et prêtés au tiers monde pour des projets ridicules et à présent, sous forme de dettes, ils paralysent ce même tiers monde."
Le monde arabe se retrouve dans une situation paradoxale.  "Moins de 10 millions d'Arabes disposent d'un excédent de 462 milliards de dollars dans les banques occidentales tandis que 190 millions d'autres croulent sous le poids de la dette et de ses intérêts. Une dette de 208 milliards de dollars..." (Source: Doreya Awny, Le Monde Diplomatique, septembre 90).
Mais cette situation est voulue par les économies occidentales, USA en tête: "En affectant la rente (pétrolière, voir plus haut) au placement financier dans les pays industrialisés, au financement d'achats d'armements ou à des investissements dans l'aval de la filière ou dans le reste de l'industrie lourde, investissements qui renforcent la dépendance vis-à-vis de la technologie occidentale, sous ces différentes formes, le surplus ne sort pas des nations du Nord." Ainsi, les pays arabes riches possèdent 670 milliards d'avoirs à l'étranger, mais n'en investissent que 7% dans des projets productifs dans les pays arabes. Cette extraordinaire accumulation de capital ne profite donc pas aux pays arabes pauvres et aux populations. Cet argent détourné n'est-il pas la bouée de secours du capitalisme américain? Ce qu'exprime cette blague circulant à Wall Street: "Pourquoi Koweït et USA ont-ils tant besoin l'un de l'autre? Parce que l'un est une banque sans pays et l'autre un pays sans banques."

Tabou N° 6: La stratégie anti-OPEP
Ce qu'on a dit:
LE SOIR 4 août 90
"L'OPEP, hier entre les mains des modérés (Arabie Saoudite, Koweït, Emirats arabes unis) se retrouve entre celles des durs dont l'Iran et l'Irak."

Le Monde 30 août 90
"Certains pays membres de l'OPEP (Arabie, Venezuela) veulent se montrer raisonnables face à l'Occident..."

Quand nous payons l'essence 30 FB, 4 FB seulement vont aux Arabes
20 FB de taxes à l'Etat belge
 5 FB aux multinationales pétrolières
 1 FB au pompiste
 4 FB à l'OPEP

Ce qu'on n'a pas dit:
Quand nos médias parlent de l'OPEP, leur vocabulaire masque toujours un affrontement entre pays agissant pour le compte de l'Occident et les pays victimes de l'Occident. Ce vocabulaire est d'une psychologie très sommaire: invariablement, les alliés de l'Occident (Arabie, Koweït) sont qualifiés de "modéré", ceux qui ne se plient pas à l'Occident sont appelés "durs" ou "radicaux".
Comment le dictionnaire Larousse ou Robert définit-il "modéré"? "Qui fait preuve de mesure, qui se tient éloigné de tout excès" (synonymes: mesuré, sage). Opinions politiques éloignées des extrêmes.
"Ainsi, les "sages" sont ceux qui se tiennent de notre côté. Cqfd. Tout de même, on jugera curieux que des pays pratiquant la dictature absolue et sans partage d'une famille féodale soient jugés par notre presse comme "éloignés de tout excès". Et celui qui a lu les rapports d'Amnesty International sur la torture pratiquée couramment au Koweït et en Arabie Saoudite sera étonné de voir ces pays qualifiés de "modérés". En fait, ces étiquettes ne relèvent d'aucun jugement journalistique sérieux, il s'agit simplement de mots codés destinés à entraîner un réflexe conditionné chez le lecteur pavlovisé!
Et les articles que nous lisons sont remplis de tels mots...
Quand les Saoudiens, souvent par chantage, imposent des prix très bas, Le Monde parle de "diplomatie douce de l'Arabie", mais ceux qui s'y opposent sont qualifiés de "brutalité habituelle de l'Irak". Par contre, quand c'est la thèse irakienne qui l'emporte, et même si Le Monde doit reconnaître que l'Irak est "applaudi en coulisses par la plupart des délégations", il titre (26/07): "Bagdad impose sa loi à l'OPEP". Quand au Koweït et aux Emirats arabes unis qui violent les accords de quotas et trichent pour rouler les autres pays de l'OPEP et faire baisser les prix en accord avec la stratégie de l'Occident, ceci est seulement qualifié "d'indiscipline" par Le Monde.
On le voit, le vocabulaire varie suivant le camp que l'on soutient.

La stratégie de l'Arabie Saoudite est toujours masquée derrière une "soumission aux lois du marché". Mais aucun média n'a expliqué comment Arabie Saoudite et Koweït étaient intégrés à l'Occident, "achetés" par l'Occident, ni comment l'Occident a manoeuvré depuis 1974 (la fameuse stratégie Kissinger) pour briser l'OPEP. Parler d'offre et de demande est une plaisanterie quand les USA manipulent les prix "cassés" par leurs agents au Moyen-Orient qui inondent délibérément le marché de production supplémentaire.

Tabou N° 7: Qui contrôle vraiment le Moyen-Orient?

Ce qu'on a dit:
LE SOIR 7 août 90: "L'Irak risque de contrôler le pétrole."

Le Monde 18 août 90: "Saddam Hussein devra partir. Sinon, il prendra le contrôle du marché"
(citant un expert pétrolier du gouvernement américain).

-George Bush: "Notre "Way of life" serait menaçé si toutes les grandes réserves pétrolières venaient à tomber dans les mains de ce seul homme: Saddam Hussein."

Ce qu'on n'a pas dit:
Les médias ont reproduit fidèlement cette phrase de Bush sans jamais lui renvoyer la question: mais qui, jusqu'à présent, a contrôlé la région et le pétrole? Réponse: les multinationales américaines, aidées de leur gouvernement. Pourtant, une fois encore, les confidences de Brzezinsky, ancien conseiller du président Carter, aident à formuler la réponse pour qui sait lire entre les lignes: "L'intérêt majeur et viatl des Etats-Unis dans la crise kowéïtienne est de s'assurer que le Golfe reste une source sûre et stable de pétrole à un prix raisonnable pour l'Occident industrialisé."
(Source: Le Monde, 18/08/90)
Déjà le 26 juillet 90, Le Monde posait mal une intéressante question: "Qui contrôle réellement toute la région? Les Etats pétroliers comme l'Arabie Saoudite, et dans son sillage le Koweït, les Emirats arabes unis et le Qatar? Ou les puissances militaires comme l'Irak ou l'Iran?"
Réponse: Aucun des deux. Ce sont les Etats-Unis qui, depuis longtemps, contrôlent l'ensemble de la région. Ils peuvent certes déléguer les responsabilités immédiates. Mais pas à n'importe qui, comme l'explique Bruno Carton: "Une situation de leadership au sein du Golfe n'est tolérable pour les Etats-Unis que dans la mesure où ce leadership revient à un acteur ayant lui-même des intérêts vitaux dans les pays consommateurs. (...) C'est le cas du Koweït, des Emirats arabes unis et de l'Arabie Saoudite, ces pays pétroliers riches et peu peuplés n'ont pas intérêt à une hausse du brut qui ne compenserait pas la perte de leurs avoirs à l'étranger, emportés par un effondrement des places boursières. Leurs investissements et avoirs aux Etats-Unis et en Europe ont créé en vingt ans une interdépendance étroite avec le monde industrialisé."
Aviez-vous lu tout cela dans vos médias?



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